(2017) i push my fingers into my eyes.

quatre jours. qu'elle est partie. que tu l'as pas vue. que tu la harcèles. messages, appels, ton poing dans l'mur parce qu'elle répond pas, la conne. t'en peux plus. de pas savoir. ou elle est. pourquoi elle s'est barrée. certaines de ses affaires déjà envolée. t'es impuissant, totalement impuissant et tu supportes pas ce sentiment, de rien pouvoir faire, de rien pouvoir dire. tu soupires. tu dors dans l'canapé. t'supportes pas d'avoir son odeur autour de toi sans rien pouvoir faire. tu dors pas d'ailleurs. tu somnoles. cadavres de bouteille au pied du meuble, sachet ouvert sur la table. t'y a pas touché depuis l'autre fois. non. t'as préféré te cantonner au joint. c'pas mieux au fond. t'entends du bruit. tu bouges pas, ton visage contre le dossier du canapé, ton bras qui prend légèrement et qui effleure le sol. t'écoutes. silencieusement. les pas légers. ceux de nana. tu pourrais reconnaître sa façon de marcher entre milles. et ça te fait flipper. t'attends d'être certain qu'elle soit dans la chambre. tu te lèves. un boxer et un t-shirt sur les épaules. rien d'autre. t'comptes pas bouger de toute manière. t'sais pas quelle heure il est, t'es même pas certain de savoir que jour, il est. tu retiens un soupir, tu viens t'appuyer dans l'encadrement de la porte. « t'fous quoi ? » tu demandes. d'une voix froide. dure. toujours. et t'aimerais, pouvoir faire preuve de tendresse, la prendre dans tes bras. mais tu peux pas. t'arrives pas. t'en aie pas capable. tu fermes les yeux un moment, les bras croisés sur ta poitrine alors que tu relèves ton regard vers nana.

tu pensais pas qu'elle allait revenir. tu pensais pas la revoir. un pressentiment, une putain d'impression. t'es p'être allé trop loin cette fois-ci. tu sais pas, au fond. tu connais pas les limites, tu connais pas le sens du mot amour, t'arrives pas à lui dire que tu tiens à elle, que tu veux pas la voir partir. tu peux pas dire tout ça. elle répond pas au téléphone, elle répond pas aux messages, ça te rend fou, complètement fou. mais elle est là. de retour. dans ta chambre. votre chambre. avec son sac. « j'récupère quelques trucs. j'en ai pas pour longtemps. » tu te pinces les lèvres. tu sais pas quoi dire. non. t'es pas le mieux placé pour parler dans ce genre de situations. dans ce genre de crises. comme un couple. putain. t'es pas fais pour être en couple toi. t'aimes pas. t'es pas capable. tu fais du mal, rien de plus. « pour aller ou ? chez l'autre con ? t'crois qu'il va vouloir de toi ? » alors que tu portes mon gosse. tu lâches, amer. au fond t'as juste sa parole pour te prouver qu'c'est toi l'père. rien d'autre. juste ses mots. elle passe à côté de toi. elle s'arrête. « j'sais que tu t'en fous. mais j'ai pas pu avorter. c'était trop tard. » tu fermes les yeux. ta main autour de son poignet. pour l'empêcher de partir. sa peau douce sous la pulpe de tes doigts. « pars pas. » ta voix un peu moins dure, un peu plus tremblante que d'habitude. merde. elle t'changes. c'pas bon signe, tu devrais la laisser tant que t'y arrive encore, tant que t'es pas trop attaché. mais c'est trop tard, vraiment. elle porte ton gamin, putain.

parfois t'arrives pas à comprendre. pourquoi elle. pourquoi une gamine d'à peine dix-sept ans. et ça c'était y'a cinq ans. cinq ans que sans le savoir, ta vie tourne autour d'elle.et ça fait mal. de s'en rendre compte. ça brise, au fond. mené à la baguette par une nana, ta nana. tu soupires doucement quand elle te répond. t'as pas envie de jouer. t'as pas envie de t'énerver. pas ce matin. pas aujourd'hui. pas avec nana. elle passe à côté de toi. son corps qui frôle le tiens, son parfum qui te rend dingue. tu fermes les yeux. tes doigts autour de son poignet. frêle. fragile. tu pourrais la briser nana. tu l'as peut être déjà fait. parce qu'elle est enceinte. de toi. bordel. « je. j'suis désolée, rob. » sa voix tremble. putain. tu soupires doucement. et tu viens faire un truc que tu fais jamais. non. jamais. tu l'attires contre ton torse, tes bras autour de ses épaules et tes mains dans son dos que tu frottes doucement. pour la réconforter. merde. tu fermes les yeux, tu la gardes contre toi, silencieusement. « c'pas de ta faute. » tu souffles finalement. t'as peur. que quelqu'un t'entende. que quelqu'un remarque cette faiblesse. nana, c'est ta faiblesse. voilà. c'est tout. rien de plus. elle t'a mis par terre et tu peux plus te relever. « j'veux ... t'aider. pour l'gosse. si tu veux bien ... de moi. » t'es pas habité. à dire ce genre de truc. à parler comme ça. à vouloir être la pour quelqu'un. parce que personne à jamais été la pour toi.

tu peux pas expliquer. cette emprise qu'elle a sur toi. cette manière qu'elle a de contrôler le moindre de tes faits et gestes. sans même le savoir. elle t'a sauvée. y'a cinq ans. sans même que tu t'en rendes compte. t'avais juste envie d'mettre fin à toutes ces conneries et elle t'a empêchée. de faire une connerie. de t'enfiler le plus de drogue que tu pouvais. de te trancher les veines avec le premier couteau qui passe, de basculer d'en haut du phare. elle t'a empêchée de faire tout ça sans que tu t'en rendes compte et sans qu'elle le sache. et tu viens la prendre dans tes bras. après l'avoir surprise en train de rassembler ses affaires. tu la tires contre ton torse, tes bras autour de ses épaules pour l'empêcher de s'éloigner de trop. ses mains glissent autour de tes hanches et te serrent contre elle. tu fermes les yeux un moment. tu veux être la. t'es maladroit. tu sais pas trop comment le dire. « oui. c'toi que j'veux, rob. depuis toujours. » son regard dans le tiens. tu fermes les yeux. tu fuis. tu la gardes contre toi, mais tu fuis son regard. et puis finalement, ses lèvres qui se posent doucement sur les tiennes. tu soupires doucement, tu réponds doucement à son baiser. c'est rare. c'est tendre. c'est pas toi. mais aujourd'hui, c'est comme ça. tes doigts qui caressent doucement sa peau au travers le tissu. tu termines par te détacher de tes lèvres. ça engage trop de choses un baiser comme celui-là. et t'es pas sûr de pouvoir tenir toutes ses promesses. tu prends une légère inspiration. « j'suis désolé. pour l'autre jour. » celui ou t'as laissé des marques sur son cou, celui ou t'as gueulé, ou tu t'es défoncé. tu retiens un soupir. tu t'excuses pas toi. c'est la première fois depuis des années que tu le fais. mais c'est nana. et nana, elle est différente. elle le mérite, que tu lui dises que t'es désolé.

tu sais pas pourquoi tu réagis comme ça, pourquoi tu te comportes de cette manière. c'est pas toi. non. pas de tendresse. pas de sentiments. pas de gestes tendres ou de baisers. jamais. tu te l'étais promis, tu te l'étais juré il y a quelques années de cela. mais t'as jamais tenu cette promesse. t'as jamais réussi à ne pas embrasser nana. la baise, c'était une bonne excuse pour écraser tes lèvres contre les siennes, violemment, brusquement. comme si tu voulais les voler, ces baisers, cueillir ses gémissements à la source. non. tu l'as jamais embrassé comme ça. si tendrement, tes mains dans son dos pour la garder contre toi. c'est nouveau. ça fait peur. comme cet enfant. elle se détache un peu de toi, nana. elle retire son pull. tu l'observes, intrigué, les sourcils légèrement froncés alors que tu détailles son corps. son ventre encore plat. t'arrives pas à l'imaginer le ventre arrondis, la peau tendue par le gamin qui grandit doucement. « j'ai un peu travaillé. » tu hoches doucement la tête, tu la laisses lancer la musique sur la petite chaîne hifi qui traine dans la pièce principale. et tu l'observes danser. comme toujours. t'es hypnotisé par ses mouvements, par son corps qui se déplace lentement devant toi. et elle te fait cet effet la nana, elle te fait fermer ta gueule et observer. juste observer. sans rien dire. « c'est beau. » tu souffles simplement.

t'es silencieux. t'observes nana danser. tu aimes l'observer, tu peux passer des heures sans bouger, sans détacher ton regard de son corps. tu le fais depuis des années. depuis cinq ans. cinq ans que tu l'observer, que tu t'assois et que tu la regardes simplement. sans rien dir. tu observes. tu profites. tu souris un peu. comme un con. t'arrives pas à effacer ce sourire sur le coin de tes lèvres. tu sais pas pourquoi. elle te fait cet effet là, nana. elle te donne envie de sourire, parfois. c'est bizarre, ce qu'il se passe dans ton esprit. pourquoi. comment. tu murmures que c'est beau. parce que ça l'est. parce que tu la trouves belle, ta nana. elle est belle quand elle danse devant toi. elle est belle quand son corps se tend sous tes mains et tes baisers. elle est belle quand te serre dans ses bras. elle t'attire doucement, au rythme de la musique. tu la rejoint doucement, tes hanches qui suivent un peu le mouvement, ton dos qui tire un peu sur quelques mouvements trop prononcés. tu accompagnes les mouvements de nana. tu la laisses se blottir contre ton torse, vos mouvements comparables à un slow. tendre. doux. tes mains dans le creux de ses reins, tu la laisses faire. tu fermes les yeux un instant, tu suis la musique, douce, lente. tu viens frotter doucement son dos. « ça fait combien de temps ? » tu murmures doucement en laissant une de tes mains glisser sur son ventre. tu te mords la lèvre. tu pensais pas que ça arriverait un jour. tu sais pas si t'es capable de gérer ça. tu retiens un soupir. elle est encore trop jeune. tu dois être la pour elle.

c'est doux. c'est tendre. c'est pas toi. mais au fond, ça fait du bien. ça te fais du bien. d'être calme. de simplement serrer nana dans tes bras. sans rien dire. sans te justifier. sans parler. ça calme. ça apaise. tu la garde contre toi. quelques pas de danse esquissés, un semblant de slow sur la musique de son téléphone. des cheveux qui chatouillent ton menton. ta main qui glisse sur son ventre. t'as réfléchis. tu vas avoir trente ans. t'auras pas quinze mille occasions d'être père. non. c'est peut-être même la seule occasion que t'auras jamais. et t'as été soulagé, au fond, de savoir qu'elle ne pouvait plus avorter. tu fermes les yeux un moment. tu lui demandes depuis combien de temps elle est enceinte. « quatre mois. » qu'elle souffle. ta main qui passe rapidement sur ton visage. depuis qu'elle a quittée ash. depuis que vous formez un semblant de couple. ou que vous essayez du moins. t'arrives pas à définir votre relation. c'est flou. c'est bordélique vous deux. « j'suis qu'une conne. » elle se détache de toi. t'aimerais pouvoir la prendre dans tes bras et la consoler. mais c'est au-dessus de tes forces. « j'aurai du. j'aurais du m'en rendre compte avant. et. et tu serais pas obligé de l'assumer c'gamin. » elle parle vite. elle parle rapidement. tu retiens un soupir, gamine anxieuse. « de nous assumer. j'suis désolée rob. » elle fait les cents pas face à toi. tu te mords la lèvre. tu chopes ses épaules et tu l'obliges à te regarder. tes prunelles dans les siennes. ton visage sans doute un peu trop dur. « écoute moi bien parce que je le répéterais pas deux fois. » tu souffles. tu prends une légère inspiration. « t'as pas à t'excuser de quoi que ce soit. j'vais avoir trente ans c'est à moi de gérer. et je vais le faire. ok ? j'te laisserais pas. » tu le répèteras pas ça. parce que c'est pas toi. mais tu comptes pas l'abandonner. « j'tien à toi t'sais. » tu souffles à peine. du bout des lèvres.

c'est pas facile à entendre. c'est pas facile à accepter. et parfois t'en viens à te demander comment ton père il a réagit. quand il a apprit qu'elle était enceinte ta mère. et tu sais pas s'il a été aussi violent que toi ou si, au fond, une part minime de lui était content de cette nouvelle. tu fermes les yeux un instant. nana dans tes bras. tu tiens à elle. et c'est pas les bons mots. c'est pas le bon moment. mais tu les souffles, précieux. tu le rediras pas avant un long moment. elle le sait nana. et peut-être qu'un jour tu seras capable. de l'aimer. de lui souffler tous ces mots d'amours, de lui passer la bague au doigt si ça se présente. mais t'as peur de te perdre à ce moment là. de ne plus être toi même avec un gamin dans les bras, tes prunelles fixées dans ses grands yeux bleus innocents. et pourtant dieu sait que t'aimerais fonder une famille. ouai. t'as bientôt trente piges. ça t'es déjà passé par la tête. la paternité. trop de responsabilités. tu retiens un soupir. un sourire sur les lèvres de nana. c'est tout ce que tu veux toi. ses lèvres écrasées contre les tiennes. t'y réponds a ce baiser. pas totalement tendre. pas totalement violent. tes mains sur ses hanches. sur ses fesses. pour la garder près de toi. ne jamais la laisser partir. non. jamais. tes mains dans sa nuque, dans ses cheveux, ton front contre le sien. tu fermes les yeux un moment. tu peux pas. t'arrives pas à dire plus. à montrer plus d'affection. t'es pas comme ça toi. et tu sais qu'elle comprendra.

tu dis pas ces mots toi. tu dis pas que tu aimes. que tu tiens à quelqu'un. non. c'est pas ton genre. t'as jamais appris à le faire. ça sonne faux entre tes lèvres. ça sonne faux à tes oreilles. t'es pas fais pour dire des mots doux. non. toi c'est plutôt les insultes qui franchissent tes lèvres. c'est plus simple. c'est moins harmonieux. mais c'est comme ça. c'est ce que t'as entendu depuis toujours. ta mère droguée. pas un bon exemple. ton père absent. puis son regard plein de reproches. toujours pas le bon exemple. tu t'es élevé tout seul. dans la rue. et puis il y a eu nana. gamine des rues elle aussi. pureté que tu as volée. relation destructrice entamée. le début de la fin. nana elle t'as fais ressentir des trucs que tu voulais pas connaître. nana tu l'as aimée et tu l'as détestée a la foi. et maintenant nana elle se retrouve enceinte. de toi. ça va trop vite comme relation. ça va trop vite pour toi. et pourtant ses lèvres contre les tiennes sont naturelles. tu la laisses guider tes pas. le lit qui cogne dans tes mollets. tu te laisses tomber. tu laisses nana inverser vos positions, retirer ton t-shirt. toi presque nu au dessus d'elle. tu soupirs. d'aise. de plaisir. les mains de nana dans ton dos, le long de ta peau abîmée. ses lèvres sur ta peau, tu reviens lui offrir un baiser, tes doigts glissant sur son ventre. peau déjà dénudée par endroits. t'as envie de lui demander si elle est sure. elle porte un gosse. ton gamin. bordel. mais les mots franchissent pas tes lèvres. tu lui retires sa brassière. tu viens doucement embrasser sa peau. sensible. comme toujours. même après cinq ans. et t'as l'impression que ça s'arrêtera jamais. tu veux pas que ça s'arrête.

t’as jamais été doué avec les sentiments, non, jamais. t’as jamais dit ce que tu ressentais au fond de toi, pourquoi, comment. pourquoi nana, pourquoi pas une autre ? elle est belle nana, encore plus quand elle est presque nue sous toi. c’est votre façon de vous aimer ça, vos corps entremêlés dans un silence ponctué de gémissements. rien de plus. langage corporel, précieux et effrayant à la fois. mais c’est comme ça. c’est tout. c’est vous. et aujourd’hui, tu prends ton temps, pour découvrir son corps une nouvelle fois, pour tirer tous les bruits possibles de ses lèvres. délicieuse. et pourtant, tu la laisses faire quand elle te guide, quand elle se fait entreprenante, la petite, tu soupires doucement contre ses lèvres, dans l’espoir d’oublier cette discussion, d’oublier, tout, de penser à autre chose le temps de quelques minutes, de quelques heures peut être, si le sommeil te fauche, ce qui arrivera sans doute. les heures passées sans dormir s’accumulent et ton corps proteste, il hurle du besoin de repos. et finalement, le plaisir se fait grand, trop grand, tes mains crispées sur le corps de la gamine, faible gémissement sur tes lèvres. tu la prends dans tes bras, silencieux, tu laisses ton corps se reposer, enfin, et t’en as plus rien à foutre d’être au milieu de l’après-midi. son parfum qui t’enveloppe, ça te suffit.