i'll be there soon—(
05.03.2016. jour qui a tout fait basculer)
boit trop pour oublier, pour ne pas sombrer, pour laisser rouler ses larmes sur ses joues sans s'en souvenir, pour ne plus avoir mal (même si l'alcool est ineffectif sur ce point-là), pour ne plus se sentir coupable. Pour ressentir quelques dizaines de minutes l'euphorie que l'alcool entraîne quand consommé. Mais ne boit
généralement que quand elle sort, elle boit socialement.
s'est quelque peu renfermé sur elle-même, était pleine de vitalité, pétillante, parlait sans avoir rien à faire de qui pouvait l'entendre, riait pour un rien, n'était pas effrayée par grand-chose. L'est toujours, mais moins. C'est visible pour ceux qui sont proches d'elle. Ne supporte plus, ou difficilement, d'être touchée par des hommes. Fond en larmes quand ça arrive. Ses sourires sont faux, elle essaye de faire bonne figure. De garder la tête hors de l'eau. Elle ne réalise pas qu'elle n'a pas encore fait son deuil,
ou à quel point elle ne l'a pas fait. Mia est plus silencieuse, elle parle moins, ne rit plus à gorge déployée. Elle a perdu ce petit truc qui faisait d'elle qui elle était. Elle est différente.
fait de la boxe pour se défouler. A réaménagé dans son,
leur, ancien appartement. Essaye de retrouver ses marques, est très routinière depuis quelque temps. Ça l'aide à aller mieux. Chante à s'en décoller les poumons dans sa voiture (et ailleurs, aussi). N'a jamais conduit sous l'influence de l'alcool. Ne peut pas manger si on la regarde, sauf si elle a bu. Là, elle s'en fiche royalement. Pourrait s'enfiler quinze burgers d’affilée, sérieux.
boit beaucoup de café, probablement parce qu'elle va souvent
(plusieurs fois par jour) en chercher pour ses patrons. Aime son job, étrangement d'ailleurs. Mia ne se serait jamais vu exercer cela avant, mais elle est heureuse. Elle aime ce qu'elle fait, aime prévoir les rendez-vous, gérer leurs calendriers, s'occuper de choses banales mais qui ont leur importance.
ne sait pas si elle va reprendre ou non ses études d'art. Peint toujours, presque tous les jours; comme depuis son enfance. Ça lui permet de s'évader.
bisexuelle.
a un frère aîné, 'Johannes', et une soeur cadette, 'Luna'.
———
elle a passé des mois à pleurer, des mois recroquevillée dans son lit d'adolescente, à serrer coussins et couettes. À refuser de parler, de se lever, d'ouvrir les yeux plus que nécessaire.
Elle n'aurait pas pu de toute façon.Tout le monde s'est inquiété, mais sa douleur était trop forte pour qu'elle le réalise. Le manque trop présent, le coeur entouré de barbelés, l'esprit trop embué. Et, quand elle oubliait qu'il n'était plus là, le serait jamais plus, l'instant d'une seconde ses cris se faisaient de nouveau entendre, puis, les larmes et soubresauts reprenaient. Son lit s'affaissait sous le poids d'une seconde personne qui venait la réconforter, mais... Les bras qu'on lui offrait n'étaient pas ceux dont elle avait besoin, n'étaient pas ceux qui arrangeraient tout. N'étaient pas ceux de celui qu'elle pleurait. Qu'elle pleurerait toujours, au fond.
C'est quand les feuilles commencèrent à tomber que ses yeux se posèrent à nouveau sur le monde extérieur. Et elle voyait les choses différemment maintenant, les redécouvraient, plus rien n'était pareil. Tout était différent, tout avait changé.
Mia avait changé. On lui a retiré, arraché, l'être qui lui était le plus cher alors tout s'est écroulé. Il a fallu qu'elle reconstruise chaque détail et personne ne peut en rester inchangé.
La vie reprit son cours, en surface, les sourires retrouvèrent leur place sur les joues de Mia, elle arrivait de nouveau à tenir une conversation, arrivait à affronter les regards emplis de compassion et de tristesse de ses proches.
Ils dérangeaient, c'était clair. Leurs débordements d'affection dérangeaient.
On pourrait déménager ensemble. Un sourire, rien de plus.
Tu veux emménager avec moi, Mia ? Que toi et moi. Un deuxième sourire. Pas un mot. Elle voulait le faire tourner en bourrique.
Mia ? Et, un troisième sourire. Amusé, cette fois.
Mia, sérieux, tu veux ? Son regard était implorant, l’incertitude marquait ses traits.
Oui, oui, oui, bien sûr que oui ! Et les lèvres de la blonde s'écrasèrent sur les siennes.
Lâche. Non. Pourquoi ? Il y a quelque chose qui manque. Quelque chose qui manque ? Oui. Sur ma main ? Oui. Elle leva les yeux au ciel, ne prêtant plus attention à son amoureux et sa soudaine fascination pour sa main.
Il manque un truc, juste ici. Il lui caressait pensivement l'annulaire avec son pouce, un sourire aux lèvres, captivé par la blonde -qui elle l'était pas ses devoirs.
Hmm ? Tu veux m'épouser ? Quoi ? Je - ouui ! Ça va ? Elle sursaute, ouvre ses yeux débordants de larmes.
Oui. Mensonge, mensonge, mensonge.
Ce n'était qu'une rêverie. C'est ce qu'elle préfère même ça la fait souffrir comme jamais. Parce que même si ce n'est pas réel, même s'il n'est pas réellement là, pendant ces heures qui paraissent si courtes, elle a l'impression qu'il est à ses côtés.
Non, elle croit qu'il est à ses côtés.
“ What a day for a daydream, what a day for a daydreamin' boy. And I’m lost in a daydream, dreamin' ‘bout my bundle of joy
I've been havin’ a sweet dream, been dreamin’ since I woke up today. It’s starrin’ me and my sweet dream 'causes he's the one that makes me feel this way ”J'aime quand tu chantes. Et pendant une seconde, elle croit que c'est
lui. Pas Johannes.
Doucement, mais sûrement, l'anniversaire de la première année sans lui se profile à l'horizon. Une année. Long et court. 365 jours.
Et la date fatidique arrive, elle doit les revoir. Mia lui a promis. Promis de reprendre contact avec eux au bout d'une année, avec sa famille. Ceux qu'elle s'est évertuée à éviter, ceux qui la font trembler d'avance, ceux qui ont ces yeux bleus qui ne lui rappellent que trop ceux de celui qu'elle a perdu.
Qu'ils ont perdu. Ceux qu'elle n'a pas encore rappelés, le cinq mars pourtant déjà passé.