il est un peu félin, il est un peu gris la nuit, comme les chats, la vie nocturne lui sied bien à la face de porcelaine, ça fait briller la lune et les étoiles dans ses yeux comme des petites lanternes qui éclairent tout sur leur passage. marcher, respirer à ses cotés, c'est déjà avoir l'impression que le soleil ne s'est jamais couché, ça te réchauffe le coeur de n'importe quel clochard. c'est, il sait pas exactement qui c'est vraiment, ce que c'est vraiment, ava, fantôme. parfois, il se demande si c'est juste pas sorti de son imagination, qu'il s'invente un ami pour combler le cratère qui constitue son petit cercle d'ami, il en devient fou, il sait plus quoi en penser. mais ça brûle, il brûle d'y toucher; il crame littéralement et même lui parler c'est s'incendier les lèvres avec des produits chimiques. lui erwin, à coté, il fait grosse tâche, cailloux dans la godasse dont on n'arrive pas à s'affranchir, l'épine dans le pied, le loup dans la bergerie, lui, y a que ses crocs qui luisent la nuit. parfois un peu poésie au milieu d'un "ta mère" et de "putain", mais ça ne vole jamais haut, il reste sur terre les pieds dans le sol, sa tête paumé dans la galaxie à droite après le rond-point dans l'impasse de saturne. il se dit que peut-être, peut-être que s'il était défoncé, il pourrait espérer, atteindre ne serait-ce que une mèche de cheveux de sa vision. qu'il pourrait y toucher vraiment, sans se sentir obligé de laisser un petit billet sous la porte comme un voleur. pour, pour, il sait pas exactement quoi, remercier, encourager. pour qu'il revienne jamais, parce qu'il n'est pas sur que ce qu'il fasse soit bien, d'y être autorisé. alors, le petit billet, ça donne tout son sens. tout d'un coup, ça peut se justifier. parce que ça peut s'acheter. mais putain les règles, c'est vrai qu'il en a pas grand chose à branler. du coup pour se donner l'impression de lui aussi irradier un peu, il crame une clope contre son briquet et il plonge à nouveau dans le cercueil de Morphée. il pourrait passer sa vie dans son pieux à fixer le plafond, comme un ado qu'à jamais vraiment grandi, mais qu'est pas non plus resté gamin, faudrait y peindre la voie lactée et d'ici quelques années il pourra s'improviser astronaute. mais si n'importe quel couillon peu prétendre connaître l'espace, alors ça vaut plus vraiment le coup de s'y attarder. il aime bien l'inconnu, le jamais vu, le coin que personne à jamais visité, la cité perdue. les personnes qu'on sait pas vraiment comment appeler, est-ce qu'on doit les appeler ? il aime quand le silence parle à sa place, ça rend tout tellement plus facile. « et donc, ça avance ton truc ? ou t'as besoin de plus de pognon ? faudra que tu m'montres le résultat un jour, que j'vois de plus près quand même, où mon fric est passé. » il sait pas exactement comment il devrait appeler ça, alors il l'appelle quelque chose pour se donner l'impression de ne pas être perdu ou impressionné. ou pire, de pas trop comprendre. « parce que bon tu sais, si t'as besoin hein, fin'. bref. c'est sympa de tenir compagnie. » il se prend un peu pour un artiste lui aussi, de loin, il essaye de retracer les contours de son visage, de mémoriser pour essayer de cracher ça sur une feuille de papier quand il s'emmerde le soir. de capter les petites expressions du visage quand il termine pas vraiment ses phrases, le questionnement, et peut-être chopper un peu de lassitude, il se demande à quoi ça ressemble quand c'est en colère. si c'est toujours aussi parfaitement taillé. pendant se temps là il essaye de se rappeler que c'est une histoire de compagnie. on se parle, mais on se touche jamais. il a besoin de se le répéter parce que. nan. c'est pas vrai. c'est pas vrai, qu'il a pas envie d'être touché, c'est pas vrai, il veut pas faire comme-ci il s'en foutait. c'est juste. pas vrai. y a plus rien de vrai. même lui, c'est plus le vrai.